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MAJOGBÉ.

rent dans la case. Le petit Majogbé s’était attaché au corps de son père.

La porte se referma, dérobant les mystères du dieu à la foule.

Les Ogbonis, le torse nu, avaient ceint le banté, tablier couvert de signes symboliques, et tenaient de la main gauche une courte épée à la poignée en croix. Des lampes brûlaient en des niches triangulaires creusées dans le mur. Le triangle se retrouvait brodé sur la chasuble rouge de l’Ologbo Oro. Un bouc immonde, puant, était attaché contre un autel de terre peinte au pied duquel une femme très vieille se tenait accroupie, sans honte.

À la suite de l’Ologbo les Ogbonis sacrifièrent à la vieille et au bouc. Les esclaves initiés avaient jeté des pagnes et des nattes sur le captif et sur son fils qui, par terre, se débattaient, étouffés.

— Kosioko ne devait pas mourir encore. Il avait des débiteurs. Avant de l’exécuter, les Ogbonis voulaient obtenir des noms, des victimes nouvelles pour la rapacité de leur dieu. Elado interrogeait :

— Kosioko, tu es un grand coupable. Mais tu connais nos mystères, nos lois. Tu sais que tu ces condamné… si nous voulons. Tu peux donc essayer de te sauver…

— Je n’ai plus de richesses. Vous m’avez tout pris. Vous fouilleriez mes maisons que vous n’y trouveriez plus un cauris, plus une perle, plus une étoffe, plus une jarre d’huile, rien… Vous avez tout