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MAJOGBÉ.

Banyane et essaya de la saisir. Elle griffa et s’échappa. Majogbé se fâcha. Il y eut une dispute avec des coups de bâton.

Les sacrifices d’Elado à ses morts brillèrent d’une splendeur qui dépassait tout ce qui était dans le souvenir des hommes d’Aké.

Le premier jour, le maître fit les offrandes sur les autels de l’Oluman. Il s’y rendit avec toute sa maison. Le cortège était très long. C’était d’abord une foule d’esclaves qui criaient, couraient, sautaient et donnaient des coups de verge de chaque côté du chemin. Devant eux, le peuple se rangeait, femmes curieuses, hommes oisifs et petits enfants qui levaient les bras, hurlaient et se roulaient par terre en signe d’allégresse et d’admiration. Elado marchait le torse nu, sans bonnet, un pagne de suppliant roulé autour des reins. Il tenait avec respect dans ses bras croisés le bâton fétiche de sa maison. Pendus à des colliers, de nombreux tyras et des gris-gris en peaux, en os et en dents, s’étalaient sur sa poitrine. Il y en avait pour tous les bons et tous les mauvais esprits ; cela lui faisait une cuirasse remuante. Il était entouré par cinquante musiciens revêtus de costumes brillants, avec des franges et des galons d’or. Ces musiciens tiraient de leurs instruments, tambours, tam-tam, fifres et