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Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/129

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quand il y porta son couteau. Il gratta méthodiquement. Il fit tourner la lame du couteau sur elle-même et la chute du sable fut plus considérable.

On pense avec quelle ardeur ce forage fut poursuivi !… Et la joie, quand tout à coup la main passa au travers de la roche et qu’une petite coulée de lumière, venant de l’extérieur, glissa en cette partie de la prison, l’éclairant presque.

Yves déblaya. Il rêvait déjà d’une ouverture s’agrandissant au point de permettre le passage, et une triomphante, une bienheureuse sortie. Il pencha la tête et, par ce mince œil-de-bœuf, il aperçut une chose qu’il lui semblait n’avoir pas vue depuis des mois et qu’il aimait : la mer ! De plus, par cette lucarne inattendue, voici qu’il aspirait à pleins poumons de l’air vivifiant, salubre, froid, qui se mélangeait à l’atmosphère fade et doucereuse de la cave, qui y glissait maintenant un peu de vie.

L’ouverture présentait juste la largeur de la tête d’Yves. Mais, à présent, il avait beau gratter, en haut, en bas, dans tous les sens, il n’arrachait plus la moindre parcelle, la mine de sable et de pierrailles était épuisée. Le nouveau couloir apparaissait d’ailleurs à l’œil, lisse, net et propre ; c’était le roc. Deux quartiers de rochers, appuyés l’un contre l’autre, offraient en cet endroit un petit intervalle. Agrandir cet interstice, il n’y fallait pas songer. Rien qu’à l’examiner, le malheureux Yves en demeura tout de suite certain et il tomba du haut de sa courte joie d’espérance.

Il n’en resta pas moins les yeux appliqués à cette sorte de fenêtre, respirant avec un bonheur amer l’air libre du dehors, l’air qu’il ne devait plus jamais respirer qu’à travers ce trou.

Tout à coup, une inspiration, l’éclair d’une idée nouvelle dressa le petit prisonnier sur ses pieds. S’il ne pouvait pas sortir par cette voie, il lui était possible d’y jeter quelque chose, peut-être d’envoyer un message ! Ce qu’il jetterait par là aurait quelques chances d’être ramassé au pied de la falaise, et des chances sérieuses, car le pied de la falaise étant l’endroit le plus élevé de la grève, l’endroit où la mer ne montait que les jours de grande marée, il servait de chemin et était