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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/297

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publication de la collection hippocratique.

« N’y a-t-il pas eu, dans les lettres profanes, dit Saint-Augustin[1], des auteurs très certains sous le nom desquels des ouvrages ont été publiés, puis rejetés, soit parce qu’ils ne concordaient pas avec les ouvrages qui leur appartenaient incontestablement, soit parce qu’ils n’ont pas mérité, dans le temps où ces auteurs ont écrit, d’être répandus et d’être transmis à la postérité, ou par les auteurs eux-mêmes, ou par leurs amis ? Et, pour omettre les autres, n’est-il pas vrai que, sous le nom d’Hippocrate, médecin très célèbre, des livres ont paru qui n’ont pas été reçus par les médecins ? Il ne leur a servi de rien d’avoir une certaine ressemblance dans les choses et dans les mots avec les écrits véritables ; car, comparés avec ces écrits, ils ont été jugés inférieurs, et ils n’avaient pas été reçus comme siens dès le temps même où ses autres livres devenaient publics. » Tout le reste demeure frappé d’un caractère d’incertitude.

Un livre de l’antiquité prend une complète authenticité surtout du moment où il est cité et commenté. Or, les grandes bibliothèques publiques, avec leurs catalogues, avec l’érudition qu’elles favorisèrent, avec les commentaires qu’elles firent naître, furent une nouvelle ère pour la consécration des livres. Galien accuse parfois les faussaires d’Alexandrie d’avoir altéré les œuvres hippocratiques : Galien se trompe ; c’est auparavant qu’elles ont été altérées, si vraiment elles l’ont été, et c’est depuis la fondation des bibliothèques qu’elles ont été mises à l’abri des interpolations et des substitutions de noms.

En effet, du moment qu’un livre fut déposé dans une bibliothèque où chacun pouvait le consulter, du moment qu’il

  1. Contra Faustum Manichæum, I. XXXIII, 6, p. 493, t. VI, Éd. Frob. 1556.