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introduction.

propres termes d’Hippocrate. Dans le Phèdre, Socrate, après avoir dit que Périclès devait sa supériorité comme orateur aux leçons d’Anaxagore, qui l’avait entretenu des phénomènes de la nature, ajoute que la haute éloquence ne peut guère se passer de la contemplation de ces merveilles. Il compare alors l’art de la parole à la médecine, disant que, de même que la nature du corps doit être connue du médecin, de même la nature de l’âme doit l’être de l’orateur, si l’un et l’autre veulent exercer leur art avec des lumières meilleures que celles de l’empirisme et de la routine. Puis il demande à son interlocuteur si l’on peut comprendre la nature de l’âme sans celle de l’ensemble des choses. On voit que ses idées se suivent, et que ce sont Anaxagore et Périclès qui lui ont suggéré son opinion sur l’éloquence, et, par un enchaînement naturel, sur l’étude de l’âme. Phèdre lui répond que l’étude même du corps n’est possible que d’après cette méthode, si l’on en croit Hippocrate. C’est donc une méthode seulement, et non une expression du médecin de Cos, que Platon cite, méthode qui consiste à ramener l’étude de toute chose vers le corps humain pour en comprendre la nature. Or que trouvons-nous dans le passage de l’Ancienne médecine ? une méthode, et justement la méthode indiquée par Platon. Ainsi le philosophe athénien n’a pas emprunté ces mots : la nature de l’ensemble des choses, à Hippocrate ; le texte même le montre ; et les propres paroles de Platon, et le sens qu’elles renferment, tout concourt pour rapporter le passage du Phèdre au traité de l’Ancienne médecine.

Une difficulté reste encore à lever dans le passage de Platon. Il en est des recherches de la critique comme des recherches de la médecine légale. Il faut noter toutes les circonstances ; les plus petites, les plus insignifiantes au premier abord, ou même les plus inexplicables, donnent, si l’on parvient à en