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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

dans la cuisine grecque), traversait le poumon et ne l’obstruait pas[1]. Or, cette même objection contre l’opinion du passage des boissons dans le poumon, opinion qui appartient non seulement à Platon, mais aussi à Dioxippe l’hippocratique, à Philistion de Locres, et qui était vulgaire dans la haute antiquité, cette objection, dis-je, se trouve avec des termes semblables dans le 4e livre des Maladies. On y lit : « Un homme buvant du cycéon, ou une bouillie faite avec la farine, ou tout autre chose semblable, s’il en arrivait une partie dans le poumon, nous pensons qu’il ne survivrait que bien peu de temps[2]. » Il y a, entre le passage de l’auteur hippocratique et celui d’Érasistrate, une ressemblance évidente, qui ne me paraît pas pouvoir tenir à une coïncidence fortuite ; et, comme les livres que je considère en ce moment, ont été attribués par l’antiquité à Hippocrate ou à Polybe, et, par conséquent, placés d’un commun accord bien avant Érasistrate, il faut admettre que le médecin alexandrin a eu sous les yeux les livres de l’auteur hippocratique.

Les questions qui touchent à la critique littéraire des œuvres dites d’Hippocrate, sont enveloppées de tant d’obscurités et de doutes que je ne néglige aucune occasion de faire remarquer tout ce qui, par des concordances tout-à-fait inattendues, donne un haut degré de sûreté aux déterminations essentielles de mon travail. Or, ce rapprochement d’Érasistrate avec l’auteur hippocratique fournit deux de ces

  1. Τοῦ πλεύμονος λείου καὶ πυκνοῦ παντάπασι γεγονότος, πῶς τὲ σὺν κυκεῶνι πινόμενον ἄλφιτον διέξεισι, καὶ οὐκ ἐνίσχεται ; τουτὶ γὰρ Ἐρασίστρατος ὀρθῶς πρὸς αὐτὸν (Πλάτωνα) ἠπόρησε.. Plutar. Symp. lib. VII, quæst. I, t. iv, p. 545, Éd. Tauch.
  2. Εἰ τις κυκεῶνα πιήσῃ ἢ ἄλητον ἑφθὸν ῥοφοίη, ἤ τι ἄλλο τοιοῦτο, καὶ ἔλθο ἐς τὸν πλεύμονα τοῦτο, δοκέομεν ἂν αὐτὸν οὐδὲ ζώειν οὐδὲ ὀλίγον χρόνον.. P. 178, Éd. Frob.