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introduction.

la vie de l’illustre médecin de Cos. Toutes les autres traces en ont disparu ; et depuis long-temps des fables, s’emparant du nom d’Hippocrate, en ont fait le texte de récits qui ne peuvent supporter l’examen de la critique.

L’incertitude manifeste qui reste sur les circonstances de la vie d’Hippocrate s’est nécessairement étendue à ses écrits. On n’a plus su ni à quelle occasion, ni dans quel lieu, ni a quel âge il les a composés, ni quel titre il leur a donné. Tous les documents ont manqué ; et quand la collection qui porte son nom, et qui est arrivée jusqu’à nous, a été examinée par les critiques de l’antiquité, ils n’ont pu s’empêcher de reconnaître qu’elle était évidemment mêlée, et que tout ne pouvait pas appartenir à Hippocrate. Les critiques modernes ont ratifié cette sentence ; mais le triage, déjà difficile dans l’antiquité, l’était devenu bien davantage ; car, dans l’intervalle, une multitude de monuments qui jetaient quelques lumières sur les points obscurs de la critique hippocratique avaient été détruits. Ainsi dans l’histoire du médecin de Cos il y a deux parties à considérer : l’histoire de sa vie et celle de ses écrits. Elles s’appuieront mutuellement ; et ce que l’on gagnera pour l’une fortifiera nécessairement l’autre. L’histoire littéraire nous intéresse certainement plus que la biographie proprement dite ; il nous importe plus de connaître ce qu’il a écrit que ce qu’il a fait, les livres qu’il a composés que les détails de son existence journalière. Cependant on aimerait sans aucun doute à savoir où cet illustre médecin a pratiqué son art, à quels malades il a porté secours, quels élèves ont écouté ses leçons, quel caractère il déployait, soit comme praticien, soit comme professeur. Sur tout cela, nul détail n’a été conservé, et la biographie manque complètement. Mais une portion de ses livres a échappé à la destruction ; et quand j’aurai indiqué avec évidence les écrits qui, dans la collection, lui