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introduction.

rulent et délétères, les phénomènes pathologiques présentent un certain développement qui autorise la coction hippocratique, ou du moins l’idée d’un travail d’élimination, qui y est comprise.

La coction des humeurs en prépare l’expulsion. Les efforts pour cette expulsion reçurent un nom particulier dans la médecine grecque ; ils s’appelèrent crise. Différentes voies y sont ouvertes ; les plus communes sont les voies de la sueur, de l’urine, des excrétions alvines, des vomissements et de l’expectoration.

Un autre mode de crise est signalé souvent par Hippocrate, c’est le dépôt (ἀπόστασις). La théorie du dépôt est étroitement liée à celle des autres crises et n’en est qu’une extension. Quand la matière morbifique n’a pas trouvé une issue convenable, la nature la porte et la fixe sur un point particulier. Le dépôt n’est pas un abcès ; c’est tantôt une inflammation extérieure telle qu’un érysipèle ; tantôt la tuméfaction d’une articulation ; tantôt la gangrène d’une partie. De là cette distinction, obscure au premier coup d’œil, mais réelle, des maladies qui sont un vrai dépôt et qui amènent une amélioration, et de celles qui ne sont un dépôt qu’en apparence, et qui ne jouent aucun rôle dans la solution de la maladie. Ces érysipèles funestes qu’on remarque dans certaines fièvres typhoïdes, et qui, loin d’en atténuer les accidents, les aggravent, fournissent un bon exemple, dans la clinique moderne, de cette distinction. Il faut encore y rapporter une sentence du Pronostic, regardée par les uns comme inintelligible, par les autres comme futile, et qui est non-seulement conforme à la doctrine hippocratique, mais encore fondée en fait. Suivant cette sentence, un malade est moins en danger lorsqu’il a une partie du corps tout-à-fait noire que lorsqu’il l’a livide. Sprengel se demande