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de la doctrine médicale d’hippocrate.

possible. Mais ce que je signale comme un trait de génie dans l’ancienne médecine des Hellènes, c’est qu’ils aient eu une puissance de généralisation assez grande pour édifier, avec les données qu’ils avaient, un système qui contint ces données, qui en fût le lien logique et qui constituât une science.

Et ici je ne prête pas à Hippocrate et à ses maîtres des intentions qu’ils n’aient jamais eues, seulement je rends plus saillant, par l’analyse, ce qui est caché dans la synthèse de leurs conceptions. En effet, cette théorie que j’expose, Hippocrate l’a eue tellement, qu’il l’a défendue contre les médecins cnidiens, à qui il reproche de multiplier les espèces dans les maladies, et de négliger l’état général ; il l’a eue, puisque tout son livre du Pronostic est l’exposition de ce qu’ont de commun les maladies aiguës, et qu’il le termine en disant qu’il n’y faut pas regretter le nom des maladies qui ne s’y trouvent pas inscrites, attendu que ce qu’il a exposé s’applique à toutes les affections qui ont la même marche ; il l’a eue, enfin, puisque les histoires particulières qu’il a consignées dans ses livres des Épidémies sont rédigées d’après cette règle même.

Hippocrate est le premier qui nous ait transmis des histoires particulières des maladies : exemple remarquable qui n’a pas été assez imité dans les âges postérieurs à lui. Ces histoires ont un cachet spécial, et on les a vantées bien souvent sans comprendre l’esprit qui en a dicté la rédaction. Elles sont le produit direct du système qui avait fait un tout de la médecine antique, le résultat de cette prognose que j’ai expliquée. En effet qu’y voit-on ? Si on les juge avec nos opinions sur le mérite d’une observation particulière, on les trouvera très défectueuses, car les signes qui caractérisent une maladie y manquent ; on n’y trouve nul