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introduction.

de prescrire aux malades dans les affections aiguës[1] ; et, s’il loue la seconde édition des Sentences cnidiennes d’être un peu plus médicale que la première[2], c’est parce qu’elles entrent davantage dans la pratique, et qu’elles sont plus appropriées à l’usage du médecin. Pour lui, la médecine est toujours l’art ; ce qu’il veut, c’est porter la lumière dans les observations recueillies ; c’est saisir les principes généraux qui guideront la pratique du médecin, et donner à l’art une assise scientifique : c’est ainsi qu’il s’élève à la science. Son mérite est grand d’avoir su se renfermer dans cet ordre d’idées ; l’art était encore trop près de l’empirisme dont il sortait, pour avoir des prétentions plus hautes que celles qu’Hippocrate lui attribue ; et ce médecin avait l’esprit trop judicieux pour regarder comme un guide sûr la spéculation physiologique qui occupa tous les philosophes de son temps, et pour se jeter dans le champ vide des hypothèses.

Celse a dit qu’Hippocrate, le premier, sépara la médecine de la philosophie[3]. L’assertion de l’auteur latin mérite une rectification. Ce que je viens de dire de la tendance essentiellement pratique et médicale qui se révèle dans les écrits d’Hippocrate, est véritablement conforme aux dires de Celse. Cependant, il faut remarquer que le livre des Sentences cnidiennes est antérieur au médecin de Cos, et que ce livre, bien loin de faire de la médecine une branche de la philosophie, s’attachait à diviser, en plusieurs espèces, cha-

  1. Μάλα μὲν οὐδὲ προβάλλεσθαι τὰ τοιαῦτα ζητήμᾳτα εἰθισμένοι εἰσὶν οἱ ἰητροί· ἴσως δὲ οὐδὲ προβαλλόμενα εὑρίσκεται. De Diæt. in acut., p. 368, Éd. Basil.
  2. Ἰητρικώτερον δέ τι ἐπῆλθον. De Diæt. in acut., p. 368, Éd. Basil.
  3. Primus quidem ex omnibus memoria dignis, ab studio sapientiæ disciplinam hanc separavit. Lib. I, in Proæm.