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caractère médical et style d’hippocrate.

que maladie suivant une méthode qu’Hippocrate n’approuve pas, mais qui devait être très éloignée des grands systèmes de physiologie philosophique du temps. Ainsi la médecine et la philosophie n’étaient pas confondues par Euryphon. D’un autre côté, Socrate, un peu plus vieux que le médecin de Cos, avait nettement séparé la philosophie de la médecine, qu’il regardait, avec les mathématiques, comme inutile à un philosophe. De plus, dans aucun écrit d’Hippocrate on ne trouve cette séparation exprimée formellement ; et il faut admettre qu’elle s’est faite sans effort à une époque où les sciences naturelles se dégageaient peu à peu des antiques philosophies qui les avaient toutes absorbées dans leur sein, et où la philosophie elle-même, par la voix de Socrate, circonscrivait avec plus de sévérité son propre domaine.

Galien dit en plusieurs endroits qu’Hippocrate est, dans la plupart de ses écrits, d’une excessive brièveté[1]. Cette remarque, pour être vraie, doit être restreinte aux livres tels que le traité des Humeurs, le traité de l’ Aliment, le traité de l’Officine du Médecin, et quelques autres qui ne sont, à vrai dire, qu’un recueil de notes non rédigées. Les véritables écrits d’Hippocrate, ceux sur lesquels s’accordent tous les témoignages, par exemple le Pronostic, le 1er et le 3e livre des Épidémies, le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, n’ont rien de cette excessive brièveté dont on a fait quelquefois un attribut d’Hippocrate. Le développement, au contraire, y est ample et complet.

Certains critiques blâmaient Hippocrate d’avoir forgé des mots difficiles à comprendre : « Si, répond Érotien[2],

  1. Ἱπποκράτης μὲν τοῖς πλείστοις τῶν ἑαυτοῦ συγγραμμάτων ἐσχάτως βραχύλογος ὤν. T. iv, p. 11, Éd. Basil.
  2. Page 4, Éd. Franz,