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DE L’ANCIENNE MÉDECINE.

cun besoin d’une supposition vide, comme les choses occultes et douteuses, pour lesquelles, si on veut en discourir, il faut nécessairement se servir d’hypothèse : par exemple, dans les dissertations sur les objets célestes ou souterrains, quand même celui qui parle prétendrait savoir ce que sont ces objets, ni lui, ni ceux qui écoutent, n’auraient aucune évidence de la vérité ou de la fausseté des assertions ; car toute vérification est impraticable.

2. Mais la médecine est, dès long-temps, en possession de toute chose, en possession d’un principe et d’une méthode qu’elle a trouvés : avec ces guides, de nombreuses et excellentes découvertes ont été faites dans le long cours des siècles, et le reste se découvrira, si des hommes capables, instruits des découvertes anciennes, les prennent pour point de départ de leurs recherches. Mais celui qui, rejetant et dédaignant tout le passé, tente d’autres méthodes et d’autres voies, et prétend avoir trouvé quelque chose, celui-là se trompe et trompe les autres ; car cela est impossible, et cette impossibilité, je vais essayer de la démontrer par l’explication même de ce qu’est la médecine. Il en résultera la preuve que rien ne peut se découvrir si ce n’est par cette route. Suivant moi, celui qui veut discourir sur l’art médical doit surtout s’attacher à dire des choses connues du vulgaire ; car les discours et les recherches d’un médecin n’ont pas d’autre objet que les maladies dont chacun souffre et est affligé. Sans doute, les gens ignorants en médecine ne peuvent, dans leurs maladies mêmes, savoir ni comment elles naissent et finissent, ni par quelles causes elles croissent et