Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 2.djvu/24

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digeant le Pronostic avec des matériaux fournis par des mains étrangères, l’aurait-il terminé par une phrase impliquant une observation personnelle dans trois contrées aussi éloignées l’une de l’autre que la Libye, Délos et la Scythie ? Je ne le pense pas ; et je crois qu’il faut se ranger de l’avis de Galien, qui ne voit là qu’une énumération des climats les plus opposés, pour signifier tous les climats [1].

Au début de ce livre, Hippocrate conseille d’observer s’il y a quelque chose de divin (θεῖόν τι) dans les maladies. Or, cela est en contradiction avec le Traité des airs, des eaux et des lieux, où il s’élève fortement contre la croyance aux inflictions divines. M. Petersen explique cette différence, en admettant que Hippocrate a changé d’avis dans l’intervalle qui s’écoula entre la rédaction des deux livres. M. Petersen, trouvant des analogies entre le Traité des airs, des eaux et des lieux, et celui Du régime des maladies aiguës d’une part, et le Traité de la maladie sacrée d’autre part, admet que ce dernier livre est d’Hippocrate, maigre l’avis contradictoire de Galien. Cela reste néanmoins douteux ; mais, ce qui l’est moins, c’est la remarque que M. Petersen fait à ce propos, à savoir que ce que certains critiques ont dit de la brièveté et de la gravité sententieuse du style d’Hippocrate, n’a aucun fondement ; que, loin de là, son style a de l’abondance et de l’ampleur, et qu’on peut suivre le développement de ces qualités depuis ses premiers écrits (Pronostic et Épidémies, ler et 3elivres), jusqu’aux écrits qu’il composa plus tard.

Quant au 1er livre des Maladies, au 2e des Prorrhétiques, au Traité du régime des gens en santé, et à celui des Affections, M. Petersen n’ose pas les attribuer à Hippocrate, à cause de quelque différence dans le mode de rai-

  1. T. 5, p. 166, éd. Bas. Voyez aussi p. 190 de ce volume dans les notes.