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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/449

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la guérison est le résultat, non d’une véritable opposition, mais de l’éloignement de la cause qui produisait le mal ou qui en faisait craindre l’aggravation, et du rétablissement de l’organisme dans une situation favorable à l’exercice de son activité médicatrice.

« On observe, en outre, qu’on atteint le but du traitement en réveillant ou excitant par des moyens extérieurs une activité abolie ou diminuée. La constipation est guérie par les évacuants ; des ulcères atoniques sont menés à guérison par des onguents excitants ; une fièvre avec le pouls petit est guérie par l’emploi du vin, qui donne de la plénitude au pouls. Ce sont des phénomènes que l’on a aussi essayé de subordonner au principe contraria contrariis curantur. Mais il est facile de prouver que dans aucun de ces cas ou dans d’autres auxquels la méthode, dite excitante, est appliquée, l’activité vitale n’est absolument augmentée. Tous ces traitements reposent, non sur une opposition du médicament avec la maladie, mais sur une donnée de l’expérience, donnée physiologique toute particulière et très-importante, à savoir que l’organisme, lorsqu’on y provoque une action, produit, en même temps que cette action et à cause d’elle, d’autres actions semblables ou identiques.

« Quand une activité est, ce semble, accrue d’une manière morbide, la guérison doit être cherchée par la diminution de cette activité, et, ici encore, on croit retrouver l’hypénantiose. Mais les activités, dans l’état morbide, sont l’objet d’un traitement déprimant sédatif, non parce qu’elles s’écartent de la règle de l’état sain, mais uniquement parce qu’elles peuvent devenir l’occasion d’autres états morbides qui menaceraient l’organe ou l’organisme. On n’arrête pas une diarrhée avec l’opium, parce que les évacuations intestinales sont plus abondantes ou plus fréquentes que dans l’état de santé (car beaucoup de diarrhées sont livrées aux forces de la nature, et quelques-unes traitées même avec des remèdes évacuants), mais on donne l’opium dans les cas où l’on craint qu’en se