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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/453

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excrété avec l’urine, il se dépose au fond de la vessie et y forme le noyau d’un calcul. Saumaise repousse cette interprétation : il s’agit, suivant lui, du sable que dépose l’urine dans le vase de nuit ; mais, reconnaissant que dans certains cas le calcul dans la vessie est trop dur pour rendre l’urine sablonneuse, il admet que l’urine n’est telle que quand le calcul même est sablonneux, c’est-à-dire friable.

Galien, comme on peut voir dans les notes que j’ai mises à cet aphorisme, le trouvait incomplet : d’après lui, le dépôt sablonneux fourni par l’urine indique l’état calculeux non de la vessie seulement, mais aussi des reins ; et il pensait que les reins étaient ici omis, soit par une erreur d’Hippocrate lui-même, soit par une faute du premier copiste du livre.

Il n’y a pas de faute du premier copiste, comme Galien voudrait le supposer ; il ne s’agit pas d’un dépôt de sable dans la vessie même, comme le prétend Beverovicius ; il ne faut pas traduire λιθιᾷ par vessie disposée à la pierre, comme le font MM. Lallemand et Pappas ; car un auteur de la Collection hippocratique (et c’est le meilleur interprète d’une locution employée par Hippocrate) ne laisse aucun doute sur le sens de λιθιᾷ, comme on va le voir par la citation suivante : πολλοὶ δὲ τῶν ἰηστρῶν, est-il dit dans le livre Des affections internes, première maladie des reins, οἱ μὴ συνιέντες τὴν νοῦσον, ὁκόταν ἴδωσι τὴν ψάμμον, δοκέουσι λιθιῇν τὴν κύστιν· καὶ ταύτην μὲν οὔ, τὸν δὲ νεφρὸν, λιθιῇ. « Plusieurs médecins ne comprenant pas la maladie, quand ils voient le sable (que déposent les urines), pensent que la vessie est calculeuse ; ce n’est pas la vessie, c’est le rein qui est calculeux. » Ainsi, pour l’auteur du livre Des affections internes, λιθιῇν τὴν κύστιν signifie : la vessie est calculeuse, contrairement à l’opinion de MM. Lallemand et Pappas ; ψάμμας est bien le sable déposé par l’urine dans le vase de nuit, contrairement à l’opinion de Beverovicius ; enfin, le texte est sans altération, contrairement à l’opinion de Galien, car le sentiment blâmé par l’auteur du livre Des affections internes et l’aphorisme en question sont identiques,