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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/461

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« On explore, dit-il, la fécondité des femmes à l’aide de pessaires dont les odeurs doivent se porter de bas en haut jusqu’à l’air expiré. On l’explore aussi à l’aide de substances colorées qu’on applique sur les yeux et qui doivent teindre la salive. Si ces effets ne se produisent pas, on en conclut que les voies par lesquelles se font les excrétions sont obstruées et oblitérées (De gen. anim., 2, 7). » Le second moyen dont parle Aristote et qui ne figure pas dans l’aphorisme, se conçoit de cette façon : on baigne, par exemple, les yeux avec une eau colorée ; cette eau, par les conduits lacrymaux, passe dans le nez, et de là, accidentellement, dans la bouche. Cette expérience a pu conduire sans peine à la découverte des voies lacrymales[1].

Galien, dans son commentaire sur cet aphorisme, dit que

  1. Et, en effet, cette expérience ne paraît pas y avoir été complétement étrangère. « C’est par ces pertuis (les points lacrymaux), dit Galien, que s’écoulent toutes les humeurs des yeux ; et plus d’une fois les médicaments ophthalmiques, après avoir été appliqués, ont été rejetés soit avec la salive, soit avec le mucus nasal ; car il y a dans le grand angle de l’œil communication avec les narines, comme il y a communication des narines avec la bouche (De usu partium, X, 11). » On voit que Galien, pour prouver la communication entre l’œil et le nez, s’autorise du passage de médicaments de l’un à l’autre ; ce qui est exactement l’expérience d’Aristote, sauf que ce dernier n’en a pas tiré cette conclusion. Morgagni, qui a soutenu (Advers. anat. I, 21) que les anciens connaissaient les voies lacrymales, a cité les paroles de Galien ci-dessus rapportées ; et il a ajouté (Advers. anat., Animad. LXVI) un passage de Végèce qui témoigne de la connaissance d’une communication entre l’œil et le nez : « Lib. 2, cap. 21. De suffusione curanda per nares. Aliqui authores dixerunt, si dexter (animalis) oculus suffusionem susceperit, vel album incurrerit, dextram partem naris, si sinister, sinistram diligenter inspiciet : in ipsa callositate (Th. Bartholin, Epist. ad Burrhum de oculorum suffusione, a proposé de lire cavitate) narium foramina subtilissima inveniet, quibus tenuis inserenda est fistula, per quam ille qui curare debet, os plenum vino insufflet, ut merum per foramen illud penetret. Quo facto, oculus incipiet lacrymare. Velocius autem proficiet, quia per interiores venas meri virtus ad oculum penetrat. » L’expérience de Végèce ne prouve pas une connaissance plus approfondie des voies lacrymales que l’expérience d’Aristote, dont cependant Morgagni ne fait pas mention.