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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/149

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UN VIEUX BOUGRE

Les buveurs, pour voir, se pressaient sur le seuil. Des femmes entrèrent, les refoulant dans la salle. Le pouce renversé par-dessus l’épaule ou le bras tendu vers la route, passionnées, elles criaient :

— C’est eux ! — On les a vus !

Mme Loriot-Moquin, écarlate et enrouée, secoua son mari :

— Loriot, c’est Gaspard et l’fi’Michel, qu’on te dit !

S’adressant à tous, elle précisa :

— Même qu’y ramènent on n’sait quelles traînées !

En moins de rien, le cabaret se vida. Dédaigneux de toute agitation vaine, Grand-Menu épongeait le zinc du comptoir.

— Si encore c’tait l’feu, j’comprendrais ! murmura-t-il ; et, rinçant des verres, il sifflota un pas redoublé afin de se rattacher à quelque chose d’héroïque.

Quand le vieux Gaspard se mit debout dans la carriole arrêtée devant sa maison, les moins lâches reculèrent et le ton des propos baissa.

Mlle Youyou était intimidée par les regards.