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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/150

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UN VIEUX BOUGRE

Mlle Rubis les bravait, fière de sa taille fine, des artifices de son teint, de ses mains pâles, et elle raidissait le buste, son menton levé, dans une attitude moqueuse :

— Y sont pas mal, dans ton pays !… Mince de poires !

Michel sembla ne l’avoir pas entendue. Il contemplait, entre ses pieds, le fond de la voiture. Depuis le départ, sa joie de revenir avait cédé progressivement au souci d’arriver avec ces femmes, en plein jour.

Elles, c’était leur premier voyage hors de la banlieue parisienne. Tout avait émerveillé Mlle Youyou. Qu’une seconde elle détachât ses yeux du spectacle fugitif, ils se portaient sur l’aïeul et lui dédiaient amoureusement leur fatigue ; car il avait parcouru la terre !… Cette notion tardive de l’espace accablait devant lui la jeune femme et elle avait l’âme grave en sa chair paisible.

Mlle Rubis l’avait raillée de sa mélancolie, comme elle avait nargué Michel, silencieux et très ému. Le sentiment de la vitesse l’énervait. À voir la course inverse des bois, les meules