Aller au contenu

Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
UN VIEUX BOUGRE

hautes sur les champs, les bourgs d’où fuse un clocher, les hameaux accroupis, la solitude orgueilleuse d’un domaine, elle se grisa. Elle allait d’une portière à l’autre, s’appuyant aux genoux de Gaspard, et elle l’appelait pour lui montrer un site, des bêtes paissantes, une mare. La tête au vent, l’air la décoifiait et lui sifflait aux oreilles, et elle lâchait des paroles insensées, elle chantait, elle riait. Dans un geste qui, pour amener ses doigts à sa chevelure en désordre, lui souleva les seins et la cambrait, elle offrit sa jeunesse à la concupiscence du vieil homme.

Dans la charrette, elle s’était assise auprès de lui. Le conducteur ayant, du manche de son fouet, montré la première ferme du pays, elle se passa la houpe à poudre sur le visage. Alors, Gaspard l’aurait étreinte si Mlle Youyou ne s’était retournée au même moment…

— Quoi ? tu dors, Michel ! cria-t-il.

Leste, il enjamba la banquette et sauta à terre. Il tendit la main à Mlle Youyou pour l’aider à descendre. Mlle Rubis, provocante et folle, lui jeta ses bras au cou et, précieuse-