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UN VIEUX BOUGRE

poésie qui en étendait le sens et, la maladresse de leur choix la blessant, elle s’arrêtait pour s’excuser ou se recueillir.

— Ah ! faut bien le r’connaît’… j’allais avec n’importe qui… à cause qu’on gagne pas assez dans mon métier… et j’pensais guère aux suites, quand j’ai écouté Michel… Mais j’suis pas plus mauvais’qu’une aut’… et j’ai pas manqué d’travailler d’mon état, j’peux l’dire ! D’abord, Michel, y n’est pas bien beau… et puis, avec un soldat, on s’prend, on s’lâche, ça dure une nuit !… Nous, on s’était disputés… Par malice, j’y avais caché sa baïonnette… Il avait bu… Ses yeux, j’ai vu qu’y voyaient rouge… et y m’a serré l’cou… J’croyais qu’ j’allais mourir… et c’était bon… bon… ah ! j’peux pas vous dire !… J’m’enfonçais dans du rien… ma tête s’perdait… tout r’culait… j’sentais qu’j’aurais plus jamais d’embêt’ments… Y m’rendait service, allez !… J’avais eu peur… et je m’disais : « C’est pas difficile de mourir… » Quand j’m’ai réveillée, des heures aprés… j’m’en voulais d’avoir raté l’coche encor’un’fois… et c’est pas l’million que