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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/7

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UN VIEUX BOUGRE

apparaissait par l’ouverture de sa chemise d’ordonnance.

Depuis Courbevoie, il avait, du même pas lourd, suivi le quai. La belle Seine lumineuse, les îles au feuillage opulent d’où parvenaient des rires, des cris, la musique d’un piston aigre, rabattus vers l’eau par les souffles, cette apothéose d’un jour splendide, rien n’avait distrait ni consolé le soldat laboureur de son regret opiniâtre.

Dès le pont d’Asnières, les mâts, les oriflammes, les drapeaux, les girandoles annonçaient la fête publique.

— Y a du bon quand même ! s’était dit Michel, et il avait retroussé les pointes courtes de sa moustache pâle.

Sur le sol, des lianes et de petits cercles multicolores de papier attestaient qu’on s’était amusé. Maintenant, c’était l’heure du repas et les promeneurs manquaient. Les forains dînaient près des roulottes. Devant les guinguettes, une foule joyeuse se nourrissait de charcuteries, de salade et de fromage. Michel s’arrêta pour rouler une cigarette, car l’ail et la