Aller au contenu

Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

descendirent par une corde » (chap. XXIII). Cette leçon a été adoptée par l’Historia belli sacri et par Baudri de Bourgueil, et le surnom de « funambules » est resté à ces fuyards. De même, l’entrevue d’Étienne de Blois et de l’empereur Alexis est agrémentée dans C d’une intervention de Guillaume d’Arques, désigné ainsi : dudum monachus, tunc miles acerrimus (« récemment moine, alors chevalier intrépide »), et le rédacteur ajoute que Bohémond a affirmé plus tard par serment la véracité des menaces contre l’empereur que lui avait prêtées Guillaume d’Arques. Cette interpolation est donc au moins postérieure aux hostilités entre Bohémond et l’empire (1105-1111). Si intéressante que soit cette rédaction, elle s’éloigne donc du texte primitif et doit être rejetée, sauf dans les cas très rares où elle permet d’éclaircir les obscurités que l’on trouve dans les autres textes.

4. Autres altérations du texte primitif. — D’autres variantes portant sur la fin du chapitre XXXIX, depuis : « Interea nuncius venit Tancredo… » nous sont fournies par le manuscrit B de la chronique de Raimond d’Aguilers (Paris, Bibliothèque nationale, manuscrit latin 5531, xiiie siècle) et par l’édition de ce texte dans Bongars (Gesta Dei per Francos, p. 182-183). Ce fragment ne figure pas dans les plus anciens manuscrits de Raimond d’Aguilers[1], dont le texte se termine par le récit de la querelle entre Godefroy de Bouillon et Raimond de Saint-Gilles au sujet de la Tour de David. Il n’est donc qu’une addition postérieure destinée à introduire un récit de la bataille d’Ascalon dans le texte de Raimond, mais il est emprunté à un manu-

  1. Par exemple, ceux de Paris, Bibliothèque nationale, latin 205 (exécuté à l’abbaye de Saint-Victor pour Louis VII) et latin 5131 (XIIe siècle), ou de Londres, British Museum, Harley 4340 (XIIe siècle).