Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/41

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toutes les gloses et interpolations communes à B et aux plagiaires des Gesta. La raison qu’il donne est que Tudebode et les autres remanieurs ont eu à leur disposition une rédaction très ancienne et par conséquent digne de foi ; mais nous croyons avoir établi que, si ancienne que soit cette rédaction, elle est cependant postérieure à la rédaction A, qui nous paraît plus voisine du texte primitif. Hagenmeyer a eu du moins le mérite de restituer à l’Anonyme sa véritable personnalité et de montrer que la rédaction C représente un texte épuré et corrigé, qui s’écarte de l’original ; mais sa critique manque de hardiesse et, avec un appareil imposant, il n’a fait en somme que reproduire dans ses grandes lignes le texte défectueux des Historiens occidentaux.

2. L’édition présente. — Pour cette édition, accompagnée de la première traduction en français qui ait été publiée de l’ouvrage, nous nous sommes inspiré des conclusions qui résultent de la discussion qui précède. C’est dire que, pour établir le texte, nous avons préféré la rédaction A, que nous regardons comme primitive, éliminé les gloses et interpolations[1] de B, négligé les variantes de C. Mais entre les trois textes de la rédaction A nous avons souvent dû faire un choix. Nous avons attaché une importance particulière aux leçons de , notre plus ancien manuscrit ; nous avons rejeté les incorrections de , dont le copiste du xiiie siècle peut être rendu responsable, et cependant, dans plusieurs cas, les leçons et B ont été préférées aux leçons et .

De même, pour l’orthographe, nous avons adopté systématiquement les formes archaïques qui dominent dans A et dans une moindre mesure dans B ; nous avons cependant rejeté quelques barbarismes notoires (Thurci dans ) et nous nous sommes efforcé de conserver à notre ortho-

  1. Nous avons donné en notes les variantes de B, accompagnées de celles des plagiaires (Tudebode, etc.), qui coïncident avec elles.