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Page:Histoire anonyme de la première croisade, trad. Bréhier, 1924.djvu/9

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INTRODUCTION


I.L’auteur.

Les Gesta Francorum et aliorum Hierosolimitanorum sont regardés avec raison par les historiens comme une des sources fondamentales de l’histoire de la première croisade. Ce récit est dû sans conteste à un témoin oculaire qui a participé lui-même aux événements qu’il raconte. Malheureusement cet écrivain, qui inaugurait cent ans avant Villehardouin le genre des « Mémoires » personnels, ne nous a pas livré son nom ; ses contemporains, qui ont cité son ouvrage et l’ont copié sans scrupule, ne l’ont pas nommé davantage ; les efforts qu’on a faits jusqu’ici pour l’identifier à un personnage connu sont restés vains[1], et nous sommes réduits, pour deviner quelque chose de sa personnalité, à recueillir dans son œuvre quelques renseignements sommaires que l’on peut déduire, soit de la forme de son récit, soit de ses préoccupations habituelles.

C’est ainsi qu’après avoir raconté d’une manière incomplète et impersonnelle les origines de la croisade, il donne tout à coup des détails abondants et précis (chap. IV) sur le départ de Bohémond et des Normands d’Italie pour Jérusalem, mentionne toutes les étapes de leur marche à travers la péninsule des Balkans et, à partir de ce moment, parle à la

  1. Par exemple l’hypothèse de Riant (Archives de l’Orient latin, t. I, p. 145), qui l’identifie avec Alexandre, chapelain et secrétaire d’Étienne, comte de Blois.