Ne pouvant tirer aucun parti de ma jeuneſſe, vu les ordres de ſon pere, elle me propoſa de me placer chez une Dame de ſes amies qui m’aimeroit beaucoup, me diſoit-elle, & qui auroit pour moi les meilleurs procédés du monde, pourvu que je vouluſſe me conduire par ſes conſeils, & faire ce qu’elle me diroit. Je répondis à Mademoiſelle Dêpoix, que puiſque mon malheur vouloit que j’en fuſſe ſéparée, j’aurois pour la perſonne chez laquelle elle me placeroit, les mêmes égards que pour elle-même ; qu’elle pouvoit compter en tout ſur une entiére obéiſſance.
Voici, Madame, mon entrée dans le monde, & l’inſtant, pour ainſi dire, où commence ma vie. Peignez-vous une fille neuve au point d’ignorer qu’elle eſt jolie, pour qui le mot d’amour eſt étranger, qui connoiſſoit preſque la pratique du plaiſir, ſans en avoir jamais