Aller au contenu

Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vi
INTRODUCTION

rituelle. Il parcourut ensuite la Roumélie et poussa jusqu’à Belgrade. Son ouvrage se termine par le récit de la révolution qui éclata à Constantinople en 1031 de l’Hégire (1622). Il parle en témoin oculaire de la campagne du sultan contre les Polonais, du mécontentement des janissaires et des spahis, de leur révolte, du meurtre de Sultan Osman et de l’avénement de Sultan Mustapha. Le Manzhoumèht Ghinay est écrit sans plan arrêté ; les dissertations en vers ou en prose sur des versets du Qoran, des traditions du Prophète, des maximes de personnages célèbres par leur piété, s’y trouvent intercalées au milieu du récit d’aventures de voyage qui toutes ont un caractère religieux. C’est une sorte de traité destiné aux derviches voyageurs qui parcourent l’Asie pour y répandre leur foi et leurs doctrines. Le style de cet ouvrage est incorrect, les règles de la grammaire, de la syntaxe et de l’orthographe y sont constamment violées.

Le dialecte employé par Ghinay est le même que celui de Mirza Chems. Ce dernier auteur nous donne le récit des événements qui ont eu lieu à Boukhara, à Khoqand et à Kachgar depuis l’avénement d’Emir Hayder au trône de Boukhara. Il fournit des renseignements curieux qui confirment ou complètent quelques-uns de ceux qui nous sont donnés par Mir Abdoul Kerim. Le texte original de l’ouvrage de Mirza Chems à été publié, en 1861, à Cazan, par M. W. Grigoriew, conseiller intime de S. M. l’Empereur de Russie et doyen de la Faculté des lettres orientales à l’Université de Saint-Pétersbourg[1]. M. Grigoriew en a donné la traduction qu’il a accompagnée de notes historiques et philologiques du plus haut intérêt pour la connaissance de l’histoire et des dialectes des peuples de l’Asie centrale.

Le dernier texte sur lequel j’appeillerai l’attention du lecteur est celui d’un itinéraire de Semipalatinsk à Kachmir, par les villes d’Ilèh, d’Aqsou, de Yarkend et par le Tibet, inséré par M. Senkovski à la suite du « Voyage à Boukhara » de M. de Meyendorf. « Dans le texte persan qui offrira un échantillon curieux du langage vulgaire des Tadjiks de Boukhara, dit M. Senkovski, je conserve soigneusement les fautes de tout genre et même celles d’orthographe, afin de mettre le lecteur en état de juger par lui-même du degré d’instruction et

  1. Récit de quelques événements survenus à Boukhara, à Khoqand et à Kachgar, par Mirza Chems Boukhary, texte, traduction et notes publiés par M. W. W. Grigoriew. Cazan, 1861.