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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/9

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INTRODUCTION

l’Asie centrale. L’auteur naquit en 960 de l’Hégire (1552) à Boukhara et il se consacra dès l’âge de quatorze ans à la vie de religieux errant. Il parcourut les États de dix-neuf souverains. Après un séjour à Ispahan, il visita le Dekkan, Agra, capitale des empereurs mogols, le Ghaldjistan ou Ghardjistan, le Guilan et la province de Badakhchan ; il s’arrêta à Kachgar où un vieillard de cent trente ans lui fit, dit-il, la proposition de l’accompagner dans ses voyages. Puis il gagna le Gudjerate, où le gouverneur de la ville d’Ahmed Abâd pour Ekber Châh lui confia l’éducation religieuse de son fils ; puis il parcourut le Katch, dont les habitants sont infidèles et où on rencontre peu de musulmans. Notre voyageur alla ensuite à Yarkend et en partit à pied pour se rendre en Chine. S’étant égaré dans le désert, il décrit les angoisses qui l’assaillirent jusqu’au moment où il fut retrouvé par le chef de la caravane qui s’était mis à sa recherche. Il donne une courte description de la capitale de la Chine, ville carrée, entourée de murailles fortifiées, dont il mesura le pourtour en comptant 30, 700 pas. Il prétend avoir été mandé en présence de l’empereur et lui avoir démontré l’inanité de ses croyances et la vérité des doctrines de l’islamisme. Ghinay assure que l’empereur, convaincu par ses discours, pratiqua en secret le culte de l’islamisme et que trois cents personnes furent en outre, converties par ses prédications.

Ghinay visita ensuite une contrée placée sous la dépendance de la Chine et gouvernée par un prince nommé Guel Foundj. La capitale de ce pays était Motan, ville immense située à dix journées de marche de Khoten et dont la population est remarquable par sa beauté. Au milieu de la ville s’élève une haute tour au sommet de laquelle, suivant une ancienne coutume, on allume un grand feu. On remarque sur la route de Motan à Khoten une série de ces tours qui servent à signaler l’arrivée des caravanes. Ghinay fait le récit des formalités auxquelles les marchands de la caravane, dont il faisait partie, durent se soumettre à leur arrivée à Motan. Il rend compte de ses entrevues avec Guel Foundj, qui fit voyager avec lui jusqu’à Khoten et le logea dans son palais. Ghinay prétend qu’il fit embrasser l’islamisme à ce prince et qu’il convertit dans ce pays plus de cinq cent cinquante infidèles. De Khoten, Ghinay se rendit dans le Sind et résida quelque temps à Tattah. Enfin, il pénétra en Turquie par Bagdad où le supérieur de l’ordre des Qadiry voulut le retenir et lui laisser sa succession spi-