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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/28

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AFGHANISTAN

camp le matin et se dirigerent vers Qandahär par la route de Qâin[1] et du Séistan. Pendant la route, les Afghans s’entendirent entre eux ; ils élurent pour chef Ahmed Khan après avoir assassiné Mehemmed Ghany Khan. Ils le proclamèrent roi et lui donnèrent pour ministre Vély Khan Foulfoul Zey. Ils entrèrent à Qandahâr sans coup férir, et tous les Afghans vinrent y saluer le nouveau souverain.

Sur ces entrefaites, un convoi d’argent considérable, venant de l’Hindoustan, du Sind et du Moultan et destiné à Nadir Châh, fut saisi par Ahmed Khan ; il rassembla une armée nombreuse, et en l’année 1164 (1750), il prit le titre de souverain indépendant et s’empara de Ghazna, de Kâboul, de Djelal-Abâd, de Chikarpour, du Séïstan et du Zâdjistan. Il marcha contre Hérât, dont le gouverneur était alors l’émir persan Khan Michmest ; au bout de six mois, il emporta la ville de vive force, et il envoya en enfer nombre de misérables Persans[2].

  1. Qâïn est située au S.-O. de Hérat, non loin de Thabès, dans une plaine couverte d’un sable imprégné de sel.
    Cette ville était autrefois la capitale du Kouhistan.
    Sa forteresse commandait la route du Kerman et celle du Khorassan.
    Les habitants de Qâïn descendent d’une tribu arabe qui s’y est établie à l’époque des khalifes. Cette ville est renommée pour ses fabriques de tapis de feutre et de tissus de poil de chèvre.
  2. L’expédition d’Ahmed Châh contre Hérat eut lieu en 1750.
    Ce prince attaqua la ville à la tête de soixante-dix mille hommes : elle était alors gouvernée au nom de Châh Roukh Mirza par le serdar Djelil Beg connu aussi sous le nom d’Emir Khan et surnommé Michmest (le bouc ivre ou furieux). Il était d’origine arabe et il avait commandé l’artillerie dans l’armée de Nadir. Il s’était distingué dans la campagne d’Arménie en 1735 et avait fait prisonnier de sa main, à la bataille de Zengui Tchai, Mustapha Pacha, gendre du sultan Mahmoud et gouverneur général de Diarbekir.
    Après une défense vigoureuse, qui dura quatorze mois et non six, les habitants, abandonnés par Châh Roukh et réduits à toute extrémité, se rendirent à