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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/43

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AFGHANISTAN

donnèrent le camp et le trésor et s’enfuirent sans s’arrêter jusqu’à Hérât. Beaucoup de soldats et d’émirs furent faits prisonniers ; Zéman Châh leur fit à tous des présents et leur remit une somme d’argent pour qu’ils pussent retourner chez eux[1]. Il envoya un ambassadeur au prince Mahmoud. À la fin, il fut convenu que la province d’Hérât avec Férah appartiendrait à Mahmoud qui, l’année suivante, fit frapper la monnaie et réciter la khoutbeh au nom de Zéman Châh. Ce prince marcha alors sur Lahore, avec l’intention d’aller à Djihan Abâd ; il s’empara de vive force de Lahore et de Routhas, où l’armée fit un riche butin.

Sur ces entrefaites arriva la nouvelle que le prince Mahmoud, rompant le traité conclu, levait une armée dans l’intention de s’emparer d’Ahmed Châhy (Qandahâr)[2]. Zéman

  1. Zéman Châh partit de Kâboul à la tête de son armée pour marcher à la rencontre de Mahmoud Châh et établit son camp à Mioun, sur les bords de la rivière Hirmend. Mahmoud Chah passa le Hirmend à Tekris et les deux armées en vinrent aux mains dans la plaine de Khakriz, où est situé Ghourek. Méhemmed Azhim Khan Alicou Zey commandait l’avant-garde de Mahmoud, le Serdar Mihr Aly Khan, grand écuyer, celle de Châh Zéman. Au milieu de l’action la cavalerie de Mahmoud s’empara de l’artillerie de Châh Zéman. Celui-ci désespérant de la victoire avait déjà enlevé de sa tête la couronne royale et l’avait remplacée par un bonnet noir pour ne point être reconnu, lorsque le combat fut rétabli par Tevekkoul Khan et Kechen Khan, officiers kalmouks de la garde du roi, et qui s’étaient convertis à l’islamisme avec des membres de leurs tribus sous le règne de Timour Châh.
    Les troupes de Mahmoud furent mises en déroute et la panique fut si grande que Mehemmed Azhim Khan, au lieu de prendre la route d’Hérât, s’enfuit du côté de Qandahâr. Il fut arrêté à cinq kurouh de Qandahâr, dans le village de Zaker, par un derviche nommé Abdoul Hamid qui l’envoya le sabre nu et le linceul au cou à Zéman Chah, qui lui accorda son pardon. Les autres chefs faits prisonniers rentrèrent chez eux après avoir visité les tombeaux des saints personnages enterrés à Tchecht.
    (V. Tarikhi Ahmed, page 35.)
  2. Mahmoud avait cédé aux suggestions de Etha Mehemmed Khan Aly Zey qui, ayant eu à se plaindre de Zéman Châh, avait abandonné Qandahâr avec