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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/55

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AFGHANISTAN

soir, la fâcheuse nouvelle de la défection d’Ahmed Khan ; Zémân Châh et son vézir furent consternés. Ils donnèrent l’ordre cependant de battre le tambour en signe de réjouissance, et de proclamer, pour que l’armée ne se débandât point, qu’Ahmed Khan avait défait le prince Kâmrân. Au moment de la prière de la nuit, le roi, son ministre, les émirs et quatre cents hommes quittèrent l’armée et s’enfuirent dans la direction de Kâboul. En apprenant ce départ, les soldats se mutinèrent et se mirent à piller les bagages, le trésor et tout le camp. Au matin, tous embrassèrent le parti du prince Kâmrân et allèrent se joindre à lui. Zéman Châh, en arrivant à Kâboul, fit part de la nouvelle de ce désastre à Chir Mehemmed Khân gouverneur de la ville. Celui-ci lui recommanda de n’y point entrer et de se rendre sans retard à Pichâver, parce que les habitants de Kâboul lui étaient hostiles, « Ils n’auront pour vous, dit-il, ni égards ni respect. Que Dieu garde que le mal dont ils sont capables n’arrive au roi. Le trésor, des troupes, vos femmes et vos serviteurs ainsi que le prince Choudja sont à Pichâver. Il faut espérer qu’une fois arrivé dans cette ville, vous pourrez rétablir vos affaires. » Après avoir reçu cette affligeante communication, Zéman Châh se dirigea des portes de Kâboul vers Pichâver. Des quatre cents cavaliers qui raccompagnaient, trois cents l’abandonnèrent et retournèrent à Kâboul ; lui-même, accompagné par son vézir, par Zéman Khan gouverneur d’Hérât, par Semender Khan, frère du vézir par quelques-uns des grands officiers de l’État, tels que Mir Aly Khan, grand écuyer, Khan Oloum, par quelques autres en petit nombre, et par quelques soldats d’escorte il marcha avec la