Aller au contenu

Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
AFGHANISTAN

plus grande célérité, nuit et jour, sans prendre de repos, et il parvint à Bendi Kheyber. Bendi Kheyber est une vallée dans laquelle passe une route resserrée de tous côtés entre des montagnes et aussi étroite que les yeux des avares ; ce lieu est à la distance de quatre étapes de Pichâver. Au pied de la montagne, près de la route, se trouve un château, qui était un apanage du vézir : le commandant était un de ses parents et un de ses hommes de confiance[1].

Le vézir et le roi n’étaient pas descendus de cheval depuis sept jours entiers ; ils étaient épuisés, mourant de faim et de soif ; le vézir, s’adressant au roi, lui dit : « Grâce à Dieu ! nous voici loin de l’ennemi ; mais nous sommes sur le point d’expirer de fatigue et de froid ; ce château m’appartient ; demeurons-y une nuit pour nous reposer ; demain nous nous remettrons en route pour Pichâver ; il nous reste encore deux journées de marche à faire. » Zéman Châh était exténué et à bout de forces ; il y consentit. Mais Khan Oloum, Mir Aly Khan, grand écuyer, et quelques soldats de l’escorte refusèrent de s’arrêter ; ils dirent au roi : « Dans les circonstances actuelles, on ne doit avoir confiance en personne ; il n’est pas nécessaire de faire halte ; il vaut mieux supporter la peine et la fatigue deux nuits encore et parvenir au rivage du salut.

Le bonheur et la vie de ce vézir funeste étaient arrivés à leur terme, le malheur le saisit ; sourd à ces bons conseils, il tourna les rênes de son cheval vers le château. Zéman Châh, Semender Khan, Zéman Khan et quelques

  1. Le nom de ce château est Qaléi Achour.