Aller au contenu

Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
AFGHANISTAN

roi et le vézir se levèrent et demandèrent des chevaux ; mais les gens du château leur répondirent : « Tenez-vous tranquilles : vous n’avez pas la permission de vous éloigner. » Malgré les promesses et les prières du roi et celles de son ministre, malgré les cadeaux considérables qui leur furent faits, ces gens se refusèrent à les laisser partir ; ils saisirent les chevaux et les armes, et placèrent auprès d’eux des sentinelles et des gardiens. Le roi, le vézir et leurs compagnons gémirent, sanglotèrent, supplièrent : ces hommes ingrats et sans foi les repoussèrent et envoyèrent immédiatement un courrier à Kâboul, auprès de Fethy Khan et de Mahmoud, pour leur annoncer l’arrestation du roi. La nouvelle en parvint à Kâboul le jour même ou Mahmoud y avait fait son entrée ; il en manifesta sa joie, et il envoya son écuyer Redjeb Mehemmed en compagnie de Mehemmed Azhim Khan, frère de Fethy Khan, à Pichâver pour qu’ils lui ramenassent prisonniers Zéman Châh et les émirs.

Les envoyés, à leur arrivée, vinrent saluer le roi dans le château où il était détenu et partirent ensuite pour Kâboul. À moitié route, ils furent rejoints par un courrier et un chirurgien nommé Rustem, qui avait reçu ordre de priver Zéman Châh de la vue. Lorsqu’ils furent descendus à une station, quelques hommes tinrent solidement Zéman Châh dans l’intérieur d’une tente et le chirurgien Rustern donna un coup de lancette ; le roi se répandit inutilement en gémissements et en plaintes. On le plaça dans une litière et on continua la marche vers Kâboul. Le vézir et quelques-uns des émirs et des grands personnages de la cour furent dépouillés de leurs vêtements ; on leur mit des