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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/66

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AFGHANISTAN

Envoyez donc le châhzadeli Mahmoud à Kâboul, et pendant le règne de Zéman Châh, il vous sera payé par an soixante bourses fournies par le trésor ; si vous ne l’envoyez pas à Kâboul, mais, si vous le gardez en prison à Boukhara, vous recevrez néanmoins la même somme. »

Le prince Mahmoud avait été instruit de ces propositions avant l’arrivée de l’ambassadeur à Boukhara ; il avait donc insisté nuit et jour jusqu’à ce qu’il eût obtenu la permission de s’éloigner et il s’était dirigé vers le Kharezm. Deux jours après son départ, arriva l’envoyé de Kâboul : Châh Mourad Beg, après avoir lu le message qui lui était adressé, se repentit d’avoir laissé partir Mahmoud. Il envoya en toute hâte sur ses traces cinquante cavaliers qui ne purent l’atteindre, et qui ayant appris qu’il était en sûreté, revinrent sur leurs pas. Châh Mourad en fut désolé, mais ce fut inutilement. Il envoya un ambassadeur à Yvaz Inâq du Kharezm pour lui dire en substance : « Renvoyez le prince à Boukhara, sinon, préparez-vous à la guerre, car je marcherai contre vous à la tête d’une puissante armée. » Cette exigence troubla Yvaz Beg Inâq ; il assembla en conseil les principaux personnages de l’État et leur dit : « Quelle résolution me conseillerez-vous de prendre ? De quelle façon répondriez-vous à Châh Mourad ? » Un des ak-sakals (Barbe blanche, notable) du Kharezm, nommé Seyid Qouly Bay, prit la parole : « Le prince, dit-il, après avoir été quelque temps l’hôte de Châh Mourad, a reçu la permission de partir ; il reçoit maintenant notre hospitalité ; dût notre pays être dévasté de fond en comble, nous ne le livrerons pas. Châh Mourad se croit un homme pieux et religieux ; quel est donc le précepte religieux et quelle est la loi divine qui