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Page:Histoire de l'Asie centrale.pdf/8

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iv
INTRODUCTION

langue parlée à Constantinople. Son style se rapproche de celui de plusieurs ouvrages qui ont trait à l’Asie centrale ou à l’extrême Orient, et dont je dirai ici quelques mots.

Le premier est celui de Seyid Aly Ekber Khitay qui, dans les premières années du Xe siècle de l’Hégire, fit le voyage de la Chine et résida pendant quelque temps à Pékin.

Il acheva la relation de son voyage à Constantinople en 922 (1516), puis il la dédia à Sultan Suleïman pour engager ce prince à faire la conquête de la Chine. Le Khitay Namèh fut goûté à Constantinople, et il en fut fait une traduction turque sous le titre de Qanoun Namèhi Tchin ou Khita (Organisation de la Chine et du Khita). Hadji Khalfa, qui cite cet ouvrage dans son Djihan Numa, ne paraît pas avoir connu le nom de l’auteur[1].

Un autre écrivain a, dans un style encore plus barbare que celui d’Abdoul Kerim, rédigé des notices sur la Chine et sur quelques États de l’Asie centrale. Seïfy, mort en 990 (1582), a dédié à Sultan Murad III un opuscule qui a pour titre : Histoire des Rois de l’Inde, du Sind, de la Chine, du Khoten, de Dèrèh et de Dervaz, de Kachmir, de la Perse, de Kachgar et des Qalmaq.

Seïfy parcourut l’Asie centrale et se rendit en Chine vers l’année 950 de l’Hégire (1543). Son récit offre des détails curieux et j’ai pensé que les chapitres relatifs aux Qalmaq et aux Qazaq seraient lus avec intérêt. J’en ai placé la traduction à la fin de l’appendice. Je n’ai pu trouver dans aucun ouvrage des détails sur Seïfy. Il est qualifié de Defterdar sur le titre de son ouvrage et je suppose qu’il a été chargé de la tenue des livres chez un négociant persan ou boukhariote. L’opuscule de Seïfy est écrit en un turc presque inintelligible, tant il est hérissé d’expressions vulgaires ou tombées en désuétude, tant la construction des phrases est incorrecte et l’orthographe fautive. La pièce de vers persans placée en tête de l’ouvrage et à la fin de laquelle l’auteur donne son nom et les citations persanes intercalées dans le texte sont, par contre, de tout point irréprochables.

Je donnerai encore quelques détails sur un ouvrage écrit en vers en dialecte persan de Boukhara, intitulé Manzhoumèhi Ghinay ou recueil poétique de Ghinay, et qui renferme des détails précieux sur

  1. Djihan Numa, Constantinople 1145 (1735), page 154 et suivantes. Hadji Khalfa ne cite que la traduction faite sous le règne de Selim II.