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narchie, et sur le Piémont, que Jacques d’Achaïe venait de perdre. Ce prince, ayant voulu établir des taies sur les marchandises qui passaient de son fief en Savoie, Amédée VI, qui le lui avait défendu, descend en Piémont, lui enlève ses possessions et l’envoie prisonnier au château de Rivoli. Néanmoins, en 1363, il les lui restitue, ne s’en réservant que la haute suzeraineté. Après deux années de luttes victorieuses contre les seigneurs de Montferrat, de Saluces et de Milan, il revint en Savoie rendre les honneurs à l’empereur d’Allemagne qui devait y passer.

Suivi de cinquante-sept barons, chevaliers et écuyers de sa cour et d’un grand nombre d’autres personnes, il alla recevoir Charles IV à Morat, sur les frontières de ses États (4 mai 1365), l’accompagna à Lausanne, Genève, Rumilly et Chambéry, où ils arrivèrent huit jours après, un dimanche. Là, l’empereur fut gracieusement accueilli par Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie, par la comtesse de Genevois et par onze autres dames de haut parage.

Il y eut des fêtes splendides. Le lendemain de son arrivée, dans la grande salle du château, Amédée VI fit hommage de ses États à l’empereur et en reçut l’investiture par la remise d’étendards de soie rouge. À cette occasion, on avait élevé dans le fond de la salle un trône richement décoré pour l’empereur et, en face, un siège couvert d’un drap d’or pour le comte. Quelques-uns des principaux barons étaient présents à la cérémonie ; les autres stationnaient à cheval et tout armés sur la place qui s’étendait, comme aujourd’hui, au bas du Château. Après la séance, on jeta au peuple les drapeaux qui avaient servi de symbole à l’investiture.

L’empereur, étendant les privilèges accordés au Comte-Vert par les patentes de Prague, le nomma, ce même jour,