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Le désordre dans lequel les titres étaient restés pendant si longtemps, la négligence de l’abbé qui s’était laissé dépouiller de l’administration de son bénéfice, avaient autorisé les débiteurs à ne pas acquitter leurs redevances, les propriétaires voisins à s’emparer des terres, et le nombre des usurpations était tel, que l’abbaye se mourait, étreinte sous les procès qu’elle avait dû intenter pour revendiquer la plénitude de ses droits. Voyant ces difficultés, Victor-Amédée, par lettres patentes données à la Vénerie, le 11 novembre 1727, délégua le sénateur Bonaud[1] pour « soutenir, en l’assistance de l’avocat général, les droits de l’abbaye, connaître et décider sur les procès touchant les consignements et révocations, ainsi que de droit, en ayant seulement égard à la vérité du fait sommairement » et avec pouvoir d’abréger les délais, lui conférant dans ce fait toute autorité requise et même sénatoriale jusqu’à la fin du mois de juin 1728, passé lequel terme les procès devront être terminés et les pouvoirs des délégués cesseront[2].

La mission confiée au sénateur Bonaud était trop onéreuse pour être accomplie dans quelques mois[3]. Par autres patentes du 19 juin 1728, le roi la prorogea et retendit à la connaissance et à la solution de toute question relative aux fiefs, pacages, péages, dîmes, biens et autres droits appartenant à l’abbaye, avec pouvoir d’obliger les fermiers « dîmiers » et autres possesseurs à fournir tous

  1. Nous avons, conformément à la plus grande partie des documents officiels, adopté l’orthographe française du nom de Bonaudi.
  2. Recueil des Édits, registre de 1724 à 1730, f° 68. — Voir Documents, n° 68.
  3. Il y avait cinq cents procès à intenter, parmi lesquels il commença les plus importants, espérant terminer les autres par des arrangements. (Archives de Cour.)