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De la classe ouvrière

Eh bien ! sont-ce là les ouvriers, les travailleurs des sociétés anciennes ? Est-ce là la base réelle qui porte l’agriculture et l’industrie, cette double charge des classes laborieuses, dans tous les temps comme dans tous les pays ? Certes, nous l’avouons, le peuple libre d’Athènes ou de Rome est loin de répondre à ce que nous appelons aujourd’hui la bourgeoisie. Il est souvent pauvre et misérable comme l’ouvrier de nos jours ; mais il n’en est pas moins vrai que, revêtu comme il était, du droit de rite, et occupé sans cesse, par cela même, à la place publique ou au camp, ce n’était pas à lui qu’était déférée la mission du travail proprement dit.

Quant à ces corporations industrielles, dont on attribue la fondation à Numa, ce serait une erreur de croire qu’elles se composassent exclusivement de citoyens libres. La vérité est, au contraire, que ces corporations confiaient à des esclaves les travaux les plus rudes et les plus importants dont elles étaient chargées.

La raison péremptoire, enfin, qui doit nous déterminer, en ce qui touche l’antiquité, à concentrer l’Histoire de la Classe ouvrière dans les esclaves, c’est que la population libre d’Athènes ou de Rome était sans proportion numérique avec celle des esclaves ; si bien, comme on le verra en son lieu, que pour un citoyen libre, il y avait au moins trois ou quatre esclaves.

Si donc on cherche la classe ouvrière dans l’antiquité, c’est aux esclaves, et aux esclaves seuls, qu’il faut s’adresser.


    de l’Empire. La fromentation, cette institution admirable pour assurer contre le travail la dignité de citoyen romain, la fromentation n’avait pas cessé de pourvoir à sa subsistance, les empereurs y mettaient même de la magnificence et du luxe (Champagny, Les Césars, Néron, tom. II, p. 370).