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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/124

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de l’État à celui de la commune, en matière financière, militaire, juridique, administrative. L’effroyable désastre de 1466, la ruine de l’industrie dinantaise, la situation précaire de la ville pendant les grandes guerres du XVIe siècle, expliquent son abdication pacifique devant l’État et comment les dernières convulsions du particularisme urbain, si violentes par exemple à Gand et à Liège, lui ont été épargnées.

La première intervention de l’évêque contre la constitution dinantaise date de 1527. Cette année là, Erard de la Marck présenta aux trois membres de la bourgeoisie, un mémoire touchant le gouvernement de la ville et en conformité duquel plusieurs innovations furent décidées. Le nombre des jurés fut réduit de 30 à 21 : 6 pour les bourgeois, 6 pour les batteurs, 9 pour les métiers. Le maire et les échevins furent de nouveau éligibles au conseil. La sieulte des trois membres nous apprend, en outre, que l’évêque revendiquait dès lors « la souveraine connaissance du gouvernement des pieux lieux » [1]. La rentrée des membres de la justice dans le conseil constituait un grand pas en avant fait par le pouvoir du prince. Successivement, d’une manière lente mais sûre et tout en laissant subsister l’apparence de la vieille constitution communale, celui-ci, profitant de l’obéissance désormais plus grande du conseil, ne cesse de saper les bases de l’autonomie urbaine[2]. Ses mandements adressés directement à la ville se multiplient. Dans la seconde moitié du XVIe siècle surtout, lorsque le pays de Liège se trouva forcé de défendre ses frontières contre les troupes des États voisins, le prince, par suite des nécessités mêmes de l’organisation de la défense, vit augmenter rapide-

  1. Cartul. III, n. 288.
  2. Koser, die Epochen der absoluten Monarchie, Hist. Zeitschrift 1889, p. 252, constate de même que la politique des premiers rois absolus tendit d’abord, vis-à-vis des institutions libres de l’État, à une faktische Besitzergreifung. Ce n’est que plus tard que ces institutions elles mêmes, ayant perdu toute signification, furent supprimées. Ce qui s’accomplit ainsi en grand vis-à-vis de l’État, se produit absolument de même en petit, vis-à-vis des villes.