Aller au contenu

Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117

ment son pouvoir. À Dinant, le château reçoit dès lors une garnison permanente ; l’autorité souveraine a la haute main sur les travaux de fortification : en matière militaire la ville perd décidément toute autonomie.

Reculant toujours sur le terrain de l’administration, elle ne résiste pas mieux sur celui de la juridiction. La compétence du maire et des échevins ne cesse d’empiéter sur celle du conseil[1] jusqu’au jour où le règlement de Maximilien de Bavière déclare, en 1688, que, pour éviter les conflits de juridiction, les bourgmestres et jurés ne seront plus compétents qu’en matière « de police, métiers, deniers de ville, rendages d’impôts et questions en résultantes. » De leur ancienne juridiction civile il ne leur est plus laissé que la faculté « de juger sur ajournement sommaire entre deux bourgeois pour somme modique d’une pistole et au dessous »[2].

Désormais, le conseil n’est plus que l’ombre de ce qu’il avait été au XVe siècle. En même temps d’ailleurs qu’il a perdu son ancienne autonomie, il s’est radicalement transformé dans ses membres et son recrutement.

Jusque dans la seconde moitié du XVIe siècle, la constitution de Dinant a conservé son caractère populaire. Le premier symptôme d’une évolution dans un sens anti-démocratique est la suppression, en 1540, de la publicité des séances du conseil[3]. En même temps, les assemblées des trois membres de la ville semblent n’être plus accessibles qu’à un petit nombre de personnes[4]. Ce sont là les premiers indices d’un mouvement qui devait aboutir, dans le pays de Liège, comme dans les Pays-Bas, à faire passer le gouvernement urbain, de l’ensemble de la bourgeoisie, aux mains d’un petit groupe de

  1. V. par ex. Cartul. III, n. 341.
  2. Édits… de la principauté de Liège, 3e série, I p. 116.
  3. Cartul, III, n. 304.
  4. C’est ce qu’on peut conclure des appellations honorifiques de : Messieurs d’enmi la ville. Messieurs de la batterie, Messieurs des neuf mestiers, par lesquelles sont alors désignés les trois membres.