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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/53

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second, tour à tour parmi les batteurs et parmi les métiers.

La constitution de 1348 n’est que l’application à Dinant du principe général qui domine l’organisation des villes des Pays-Bas au xive siècle. En Flandre et en Brabant, comme dans le pays de Liège, les conseils urbains sont partout, dès lors, composés de manière à représenter, en quelque sorte en raccourci, les divers groupes politiques et sociaux entre lesquels se divise la population. Chacun de ces groupes, suivant son degré d’influence, non suivant son importance numérique, a droit à être représenté par un certain nombre de membres. Les sièges occupés dans le conseil de Dinant par les jurés des bourgeois, des batteurs et des métiers, le sont à Gand par les représentants de la poorterye, des tisserands et des cleene ambachten[1] ; à Louvain, par ceux des lignages, de la gilde et des petits métiers[2]. Là où l’ascendant d’une corporation industrielle sur les autres n’est pas assez grand pour lui procurer une situation privilégiée, la situation est plus simple. À Liège et à Saint-Trond, le conseil est formé seulement des jurés des patriciens (otiosi, ledichgangers) et des métiers[3].

L’excellence de la constitution donnée à Dinant en 1348, ressort de la persistance avec laquelle elle s’est maintenue jusqu’à la fin du xviiie siècle[4]. La ville n’a pas connu, comme Liège, l’extrême régime démocratique où les métiers seuls, et tous dans la même proportion, interviennent dans le gouvernement. Les trois parties de la population, à la fois groupes sociaux et politiques, y sont toujours restées en possession du même nombre de sièges dans le conseil. La constitution

  1. Diericx, Mémoires sur la ville de Gand I, 183.
  2. Voir les chartes données à Louvain par Wenceslas en 1373, 1378, 1382 dans Miraeus-Foppens, Opera diplomatica I. 1024-1029, 1247-1252.
  3. Pour Liège v. la lettre de St Jacques 1343, Édits et Ordonnances, I, p. 248 ; pour St Trond v. la charte de 1366, Cartulaire de St Trond I, p. 600. Ces constitutions ne se maintinrent pas d’ailleurs dans ces deux villes.
  4. Les réglements donnés à la ville en 1724 et en 1751, tout en faisant disparaître complètement de la constitution l’élément population, maintint le recrutement du conseil dans les trois membres de la bourgeoisie. Édits et Ordonnances, t. III.