Page:Histoire et vie de l’Arrétin, 1774.djvu/25

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res. J’étois ſeule au logis aſſez heureuſement avec une vieille ſervante. Ce jeune homme étoit fils d’un Docteur en Droit & fort connu de notre maiſon : c’en étoit aſſez pour empêcher à ma Mere d’être allarmée au cas qu’elle nous trouvat enſemble. Ce jour-là il me parut ſi aimable que j’avois peine à ſauver les apparences & à me retenir de lui faire une déclaration d’amour la premiere. Je fis ſi bien qu’il s’ouvrit entiérement & me dit avec des manieres paſſionnées qu’il mouroit d’amour pour moi & qu’il n’avoit oſé me le dire. Je ne fis la difficile que pour mieux l’engager & je lui permis quelque baiſer, mais il me le faiſoit avec une diſcretion, dont je ne m’accommodois guere. Il ſe retira après m’avoir demandé pluſieurs fois avec prieres qu’il put me voir quelquefois. Je lui dis que je ne le pouvois recevoir qu’en cette chambre où nous étions, & qu’il me faudroit même ménager les occaſions. Je le vis une autrefois, je le trouvai un peu plus hardi à me careſſer. Comme il me preſſoit extrêmement de lui promet-