Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/188

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mentent le globe depuis trois ſiècles, ont ſemé des colonies dans la plupart des points de ſa circonférence ; & preſque par-tout leur race s’eſt plus ou moins abâtardie. Les établiſſemens Anglois de l’Amérique Septentrionale paroiſſoient avoir ſubi la loi commune. Leurs habitans étoient univerſellement jugés moins robuſtes au travail, moins forts à la guerre, moins propres aux arts que leurs ancêtres. Parce que le ſoin de défricher la terre, de purifier l’air, de changer le climat, d’améliorer la nature abſorboit toutes les facultés de ce peuple tranſplanté ſous un autre ciel, on en concluoit ſa dégradation & ſon impuiſſance de s’élever à des ſpéculations un peu compliquées.

Pour diſſiper ce préjugé injuſte, il falloit qu’un Franklin enſeignât aux phyſiciens de notre continent étonné à maîtriſer la foudre. Il falloit que les élèves de cet homme illuſtre, réunis en ſociété, jettâſſent un jour éclatant ſur pluſieurs branches des ſciences naturelles. Il falloit que l’éloquence renouvelât dans cette partie du Nouveau-Monde ces impreſſions fortes & rapides qu’elle avoir opéré dans les plus fières républiques de l’an-