Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/236

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les villes, au nom de l’état, proſtitués dans les cours à l’intérêt & au vice, vont groſſir le faſte d’une troupe d’hommes qui flattent haïſſent & corrompent leur maître, vont dans des mains plus viles encore payer le ſcandale & la honte de ſes plaiſirs. On les prodigue pour un appareil de grandeur, vaine décoration de ceux qui ne peuvent avoir de grandeur réelle, pour des fêtes, reſſource de l’oiſiveté impuiſſante au milieu des ſoins & des travaux que demanderoit un empire à gouverner. Une portion, il eſt vrai, ſe donne aux beſoins publics : mais l’incapacité diſtraite les applique ſans jugement comme ſans économie. L’autorité trompée, & qui ne daigne pas même faire un effort pour ceſſer de l’être, ſouffre dans l’impôt une diſtribution injuſte, une perception qui n’eſt elle-même qu’une oppreſſion de plus. Alors tout ſentiment patriotique s’éteint. Il s’établit une guerre entre le prince & les ſujets. Ceux qui lèvent les revenus de l’état ne paroiſſent plus que les ennemis du citoyen. Il défend ſa fortune de l’impôt, comme il la défendroit d’une invaſion. Tout ce que la ruſe peut dérober à la force, paroît un gain légitime ;