Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/237

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& les ſujets corrompus par le gouvernement uſent de repréſailles envers un maître qui les pille. Ils ne s’aperçoivent pas que dans ce combat inégal, ils ſont eux-mêmes dupes & victimes. Le fiſc inſatiable & ardent, moins ſatiſfait de ce qu’on lui donne, qu’irrité de ce qu’on lui refuſe, pourſuit avec cent mains ce qu’une ſeule oſe lui dérober. Il joint l’activité de la puiſſance à celle de l’intérêt. Les vexations ſe multiplient. Elles ſe nomment châtiment & juſtice ; & le monſtre qui appauvrit tous ceux qu’il tourmente, rend grâce au ciel du nombre des coupables qu’il punit, & des délits qui l’enrichiſſent. Heureux le ſouverain qui, pour prévenir tant d’abus, ne dédaigneroit pas de rendre à ſon peuple un compte fidèle de l’emploi des ſommes qu’il en exigeroit. Mais ce ſouverain n’a point encore paru ; & ſans doute il ne ſe montrera pas. Cependant la dette du protégé envers l’état qui le protège, n’en eſt pas moins néceſſaire & ſacrée ; & aucun peuple ne l’a méconnue. Les colonies angloiſes de l’Amérique Septentrionale n’en avoient pas donné l’exemple ; & jamais le miniſtère Britannique n’avoit eu recours à