Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/241

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étouffées par la multitude ; & ces provinces ſe ſeroient vues légalement chargées de la portion du fardeau qu’on auroit voulu leur faire porter. Dans le ſecond, le miniſtère diſpoſant des dignités, des emplois, des penſions, même des élections, n’auroit pas éprouvé plus de réſiſtance à ſes volontés dans cet autre hémiſphère que dans le nôtre.

Cependant les maximes conſacrées en Amérique avoient une autre baſe que des préjugés. Les peuples s’appuyoient de la nature de leurs chartes ; ils s’appuyoient plus ſolidement encore ſur le droit qu’a tout citoyen Anglois de ne pouvoir être taxé que de ſon aveu ou de celui de ſes repréſentans. Ce droit, qui devroit être celui de tous les peuples, puiſqu’il eſt fondé ſur le code éternel de la raiſon, remontoit par ſon origine juſqu’au règne d’Édouard I. Depuis cette époque, l’Anglois ne le perdit jamais de vue. Dans la paix, dans la guerre, ſous des rois féroces comme ſous des rois imbéciles, dans des momens de ſervitude comme dans des tems d’anarchie, il le réclama ſans ceſſe. On vit l’Anglois, ſous les Tudors, abandonner ſes droits les plus précieux & livrer