Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/280

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la nature a donné un inſtinct plus doux à la bête féroce qui, devenue mère, ne dévore pas du-moins ceux qu’elle a fait naître.

En ſouſcrivant à toutes leurs prétentions, bientôt ils ſeroient plus heureux que nous… Et pourquoi non ? Si vous êtes corrompus, faut-il qu’ils ſe corrompent ? Si vous penchez vers l’eſclavage, faut-il auſſi qu’ils vous imitent ? S’ils vous avoient pour maîtres, pourquoi ne conféreriez-vous pas la propriété de leur contrée à une autre puiſſance, à votre ſouverain ? Pourquoi ne le rendriez-vous pas leur deſpote, comme vous l’avez déclaré par un acte ſolemnel deſpote du Canada ? Faudrait-il alors qu’ils ratifiâſſent cette extravagante conceſſion ? Et quand ils l’auroient ratifiée, faudroit-il qu’ils obéiſſent au ſouverain que vous leur auriez donné, & qu’ils prîſſent les armes contre vous s’il l’ordonnoit ? Le roi d’Angleterre a le pouvoir négatif. On n’y ſauroit publier une loi ſans ſon conſentement. Ce pouvoir dont vous éprouvez chaque jour l’inconvénient, pourquoi les Américains le lui accorderoient-ils chez eux ? Seroit-ce pour l’en dépouiller un jour, les armes à la main, comme il vous