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des deux Indes.

» Que ſur ce nouveau plan d’une amitié éternelle, l’agriculture, l’induſtrie, les loix, les arts, & la première de toutes les ſciences, celle de faire le plus grand bien des états & des hommes, ſe perfectionne parmi vous. Que le récit de votre bonheur appelle autour de vos habitations tous les infortunés de la terre. Que les tyrans de tous les pays, que tous les oppreſſeurs, ou politiques ou ſacrés, fachent qu’il exiſte un lieu dans le monde où l’on peut ſe dérober à leurs chaînes ; où l’humanité flétrie a relevé ſa tête ; où les moiſſons croiſſent pour le pauvre ; où les loix ne ſont plus que le garant de la félicité ; où la religion eſt libre & la conſcience a ceſſé d’être eſclave ; où la nature enfin ſemble vouloir ſe juſtifier d’avoir créé l’homme, & le gouvernement ſi longtems coupable ſur toute la terre répare enfin ſes crimes. Que l’idée d’un pareil aſyle épouvante les deſpotes & leur ſerve de frein : car ſi le bonheur des hommes leur eſt indifférent, ils font du-moins ambitieux & avares, & veulent conſerver, & leur pouvoir, & leurs richeſſes.