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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/337

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des deux Indes.

rique, contre un peuple à qui il ne falloit donner le tems ni de ſe fortifier, ni de s’aguerrir, la perfection de l’art eût été peut-être de l’oublier pour y ſubſtituer une marche impétueuſe & rapide, & cette audace qui étonne, frappe & renverſe à la fois. C’étoit dans les premiers momens ſur-tout qu’il eut fallu imprimer aux Américains, non pas la terreur des ravages qui indignent plus qu’ils n’épouvantent un peuple armé pour ſa liberté : mais cet effroi qui naît de la ſupériorité des talens & des armes, & qu’un peuple guerrier de l’ancien monde devoit naturellement porter dans le nouveau. La confiance de la victoire eût été bientôt la victoire même. Mais par trop de circonſpection, par leur attachement trop ſervile aux principes & aux règles, des chefs peu habiles manquèrent de rendre à leur patrie le ſervice qu’elle attendoit d’eux, & qu’elle étoit en droit d’en attendre.

De leur côté les troupes ne preſſoient pas leurs officiers de les mener au combat. Elles arrivoient d’un pays où la cauſe qui leur avoit fait paſſer tant de mers ne faiſoit aucune ſenſation. C’étoit aux yeux des peuples une