Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/366

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les eſpérances renaiſſent, & ce peuple qu’on ſe plaiſoit à regarder comme abattu, reprend & ſoutient ſa fierté ordinaire.

D’un autre coté les rades de la France ſe rempliſſent de gémiſſemens. Une inaction aviliſſante & ruineuſe y ſuccède à une activité qui leur donnoit de l’éclat & les enrichiſſoit. L’indignation des négocians ſe communique à la nation entière. Les premiers momens de ſuccès ſont toujours des momens d’ivreſſe qui ſemblent couvrir les fautes & les juſtifier. Mais le malheur donne plus de sévérité aux jugemens. La nation alors obſerve de plus près ceux qui la gouvernent, & leur demande compte avec une liberté fière du dépôt de puiſſance & d’autorité qui leur eſt confié. On reproche aux conſeils de Louis XVI d’avoir bleſſé la majeſté de la première puiſſance du globe en déſavouant à la face de l’univers des ſecours qu’on ne ceſſoit de donner clandeſtinement aux Américains. On leur reproche d’avoir, par une intrigue de miniſtres ou par l’aſcendant de quelques agens obſcurs, engagé l’état dans une guerre déſaſtreuſe, tandis qu’il falloit s’occuper à remonter les

reſſorts