Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/387

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
371
des deux Indes.

même centre tant d’eſprits égarés, tant de cœurs aigris ? Que les vrais amis des Américains y réfléchiſſent, & ils trouveront que l’unique moyen de prévenir les troubles parmi ces peuples, c’eſt de laiſſer ſur leurs frontières un rival puiſſant & toujours diſposé à profiter de leurs diſſenſions.

Il faut la paix & la sûreté aux monarchies ; il faut des inquiétudes & un ennemi à redouter pour les républiques. Rome avoit beſoin de Carthage ; & celui qui détruiſit la liberté Romaine, ce ne fut, ni Sylla, ni Céſar ; ce fut le premier Caton, lorſque ſa politique étroite & farouche ôta une rivale à Rome, en allumant dans le sénat les flambeaux qui mirent Carthage en cendre. Veniſe elle-même, depuis quatre cens ans, peut-être, eût perdu ſon gouvernement & ſes loix, ſi elle n’avoit à ſa porte & preſque ſous ſes murs des voiſins puiſſans qui pourroient devenir ſes ennemis ou ſes maîtres.

LII. Quelle idée il faut ſe former des treize provinces confédérées.

Mais dans cette combinaiſon à quel degré de félicité, de ſplendeur & de force pourront avec le tems s’élever les provinces confédérées ?

Ici, pour bien juger, commençons d’à-